Lors de l’accouchement, que ce soit par voie naturelle ou par césarienne, notre corps est impacté de différentes façons. Nous avons parfois tendance à penser que la césarienne est la voie «facile». Pas de poussée pendant des heures, pas de déchirures…. Dans cet article, je vais tenter de te démontrer que peu importe le type d’accouchement, nos muscles profonds du tronc sont affectés, et ce, chacun à leur façon.

Diaphragme

Plus la bedaine va grossir, plus ce muscle sera affecté. En effet, il se retrouve dans une position plutôt désavantagée, car il est attaché dans la cage thoracique et est en forme de dôme. Ainsi, plus bébé grandit et prend davantage de place dans le ventre, plus le diaphragme s’aplatit. C’est le même principe lors de l’inspiration, le diaphragme va se contracter et descendre pour devenir un dôme plus plat et moins profond. Tu comprends donc qu’il se retrouve avec un plus petit potentiel ; c’est comme si l’on était en inspiration constante… Ça explique pourquoi certaines femmes ont l’impression de manquer d’air pendant leur grossesse.

Une façon de prévenir ceci est de continuer à pratiquer l’expiration complète tout au long de la grossesse. Il faut donc pratiquer à vider complètement la cage thoracique et à remplir complètement les poumons (respiration diaphragmatique). De cette façon, on se retrouve avec un meilleur potentiel de respiration. C’est également un exercice important à pratiquer quelques minutes après l’accouchement.

Transverse

Les impacts au niveau de ce muscle vont dépendre de différents facteurs tels que la grosseur du ventre et où on s’est rendu dans la grossesse (stade). Petit rappel, le transverse est notre muscle abdominal le plus profond. Il a le rôle d’assurer notre stabilité, protéger notre dos et il nous donne la capacité de lever des charges. Peu importe le type d’accouchement, le transverse sera atteint puisqu’il se retrouve étiré et distendu pendant la grossesse pour permettre à bébé de grandir.

Chez les mamans qui ont subit une césarienne, le transverse sera un peu plus atteint. Le chirurgien va tasser les tissus, sectionnera et la ligne blanche sous le nombril pour accéder à l’utérus. Il y aura donc une séparation abdominale volontaire pour sortir le bébé et malheureusement, ce n’est pas une structure qui sera recousu. Cela se replace habituellement de façon spontanée (lentement), mais il est très important de faire attention à nos postures (tronc bien allongé debout et assis) et la façon dont on soulève des charges (ne pas faire de flexion de tronc avec bébé ou coquille dans les bras), car cela augmente la pression sur le centre du ventre et pourrait nuire à la guérison. Il faudra faire attention aussi à bien activer le transverse avant de progresser vers des exercices d’abdominaux plus conventionnels.

Plancher pelvien

Nous avons parfois tendance à croire que lors d’une césarienne planifiée, le plancher pelvien n’est pas affecté. Au contraire, il est quand même affecté, et ce, à cause de la grossesse et de la relaxine (hormone qui favorise l’assouplissement des tissus mous). Également, avec la césarienne, on voit souvent la paroi abdominale qui est affaiblie, ce qui fait que les muscles vont moins bien répondre. Le plancher pelvien va donc aller en spasme en réponse au manque de stabilité des muscles de la paroi abdominale. Qui dit spasme au plancher pelvien dit augmentation des risques de fuites urinaires, douleur aux relations, au dos, etc. De plus, pendant la grossesse, l’utérus prend de la masse, bébé prend du poids, le plancher pelvien est donc plus affaibli, moins endurant et moins tonique (soutient moins).

Important de noter ici que même si on ne ressent pas de lourdeur, le plancher pelvien peut tout de même être affecté ! 

Bref, ce qui tenait tout seul avant ne le fera plus, on perd un peu l’automatisme du plancher pelvien à s’engager seul, et ce, même avec une césarienne.

Fessiers

Bien qu’ils ne fassent pas partie des muscles de notre unité interne, ils sont très importants. Lors de la grossesse, nos fessiers vont devenir des stabilisateurs plutôt que des mobilisateurs. En effet, avec la bedaine qui grossit, les fessiers vont se contracter pour éviter de chavirer vers l’avant lorsqu’on est debout. Après l’accouchement, il arrive très souvent que les fessiers soient faibles et qu’ils aient besoin de se faire réveiller. On inclut donc rapidement le squat dans le quotidien, en gardant notre dos bien allongé !

Bref, il est important de comprendre que dans les différents muscles énumérés plus haut, il y aura presque toujours un maillon faible et c’est sur lui qu’il faut se fier pour la progression de nos exercices. Si un matin tu hésites entre la marche ou la musculation, choisi la musculation. Ça va te permettre de renforcer les muscles profonds et ainsi aider à soutenir tous les muscles qui ont été affectés pendant la grossesse. Pour ce faire, il est recommandé de consulter un.e physiothérapeute périnéale et un.e kinésiologue certifiée, et ce, même si tu étais active avant ta grossesse !

PS: Momki Bouge offre une session de rééducation postnatale à chaque 2 mois depuis 2019 à Trois-Rivières. Il est aussi possible de suivre une version en ligne, à ton rythme au moment de ton choix !

Laurie Lavoie, Stagiaire finissante en kinésiologie

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